De retour en France, nous renouons avec notre tradition de profiter d’un long week-end au 11 novembre pour aller visiter une grande ville. Cette année, ce sera Lisbonne.

J’ai passé la résa pour l’hébergement via Airbnb, et les échanges de mail avec notre hôte sont plutôt vivants et détaillés. Donc, nous arrivons confiants devant l’immeuble. A l’interphone, quelqu’un répond que Luis est absent, mais qu’on descend nous ouvrir. De fait, une personne en tablier, que je prends pour un majordome, vient nous accueillir et, malgré nos protestations prend, en charge nos valises et nous grimpons les 5 étages à pied. Nous arrivons dans un immense appartement de 280 m² que Justus (notre « majordome ») nous fait visiter, meublé à l’ancienne, mais avec goût.

La cuisine est son domaine, il a été cuisinier pour de riches familles à NewYork et Monaco. Luis arrive. Nous comprenons qu’ils vivent en couple, ont beaucoup voyagé (Brésil, Angleterre, Japon, USA), ont choisi de s’installer à Lisbonne pour son climat et son rythme de vie et proposent leur chambre d’amis à des hôtes de passage. Ils nous invitent alors sur la terrasse, où Justus nous a personnellement préparé une assiette de spécialités portugaises, avec des beignets de morue, des pâtés à la viande, une petite salade, le tout accompagné d’un verre de vin local, que nous dégustons de bon cœur en échangeant avec eux. Très vite le courant passe ! Et après une glace au coulis maison, un petit verre de vieux porto, dur de se remettre en marche pour aller, forts de toutes leurs explications, explorer la ville.

Nous sommes à 4 stations en métro de Rossio, une station centrale. De là, nous prenons le tram 28

qui nous emmène vers une des hauteurs de la ville (comme à Rome, il y a 7 collines à Lisbonne). On a du mal à repérer où nous sommes, mais les esplanades offrent de larges terrasses ombragées avec des cafés accueillants, où nous pouvons étaler la carte. Nous somme du côté du château St Georges, à l’est, et nous errons dans les charmantes rues aux maisons colorées, garnies des fameux azulejos, ornées de balcons ouvragés, nous pénétrons dans la fraîcheur des églises, admirons les points de vue…

Nous redescendons vers la Place du Commerce et passons dans les rues piétonnes aux restaurants accueillants. Un petit plat local, à base de morue bien sûr, nous met dans l’ambiance ! Et c’est bien fatigués que nous rejoignons notre havre, où nos hôtes nous attendent pour un debriefing animé autour d’un thé à la menthe.

Le lendemain matin, Justus nous sert un petit déjeuner digne d’un grand hôtel :

nappe blanche, argenterie. Confitures maison, salade de fruits frais (mangues, raisins, grenade,…). Omelette à point, pâtisseries locales que Luis est allé chercher à la boutique d’en face.

Nous nous mettons en route, toujours avec les explications détaillées de Luis, pour rejoindre le monastère de dos Jeronimos,

magnifique construction, aux arcs et ogives travaillés, que nous mitraillons sous la lumière enchanteresse du matin. Puis nous allons à pied le long du Tage, passons le monument puissant à la gloire des découvreurs portugais, érigé en 1940, mais d’architecture bien actuelle,

profitons de la terrasse baignée de soleil d’un café (ah ! les fameux pasteis de nata :
) et parvenons à la tour de Bélem, érigée sur le fleuve pour autrefois en protéger l’entrée.

L’accès aux étages se fait par un escalier si étroit qu’on ne peut s’y croiser et un système de circulation alternée nous amène sur les balcons d’où la vue est bien sûr… imprenable !

Nous filons ensuite vers les quartiers de Chiado et Bairro Alto, où les boutiques, les rues animées, les cafés nous enchantent. L'expérience du funiculaire (il y en a plusieurs dans la ville,tous impressionnants !) nous amuse. Nous montons jusqu’à Notre Dame d’Estrela, puis allons dans les jardins du même nom en face. En redescendant, nous passons dans la rue de la Résurrection devant une affiche de fado, et décidons d’aller tenter notre chance : il y a des places, et le spectacle commence juste : un homme et une femme, accompagnés de deux guitaristes, chantent les accents rauques et passionnés d’un pays attachant, les amours déchirées, ce blues portugais emplit la salle et nous transporte…

Après un dîner rapide, nous reprenons le métro et grimpons nos cinq étages, où Luis, dans notre chambre, a déposé une réconfortante thermos de thé à la menthe !

Nous constatons que nos hôtes ont le souci du détail : Justus a changé nos serviettes, la salle de bains est nettoyée tous les jours. Des bougies sont mises à disposition pour parfaire notre bien être ! Et encore une fois le petit déjeuner est digne des guides cotés !

Ce matin, nous partons pour Sintra : métro jusque la gare de Rossio, puis 40 minutes de train. Comme pour toute grande ville, les abords de Lisbonne ne sont pas toujours d’un goût heureux. Mais de nouvelles constructions, plus petites et plus avenantes semblent se substituer aux hideux et vieux édifices de 10 étages et plus. Sintra, c’est la résidence d’été de la famille royale, et outre les palais, de nombreuses propriétés nobles y ont vu le jour, ainsi que des couvents. Nous faisons un tour en bus qui nous les fait tous découvrir de loin en loin, nous amène à Capo de Roca, la pointe la plus septentrionale de l’Europe : le vent souffle, la mer roule ses vagues près de la falaise, qui domine le sable blond.

On ne pourra pas tout voir, il faut se décider : nous nous arrêtons donc à la résidence de la Pena, juchée au faîte de la montagne, un bâtiment haut en couleurs, à l’architecture biscornue,

dont l’intérieur nous fait pénétrer directement, de par les meubles et les divers objets exposés, dans l’intimité de la famille royale. Nous quittons la propriété à travers les jardins où se juxtaposent des essences d’arbres importées de diverses parties du monde : chêne rouge d’Amérique, fougères arborescentes d’Australie,….les bosquets de lavande, d’hortensias, les petits bassins et les fontaines, les bancs moussus, font de cette balade un régal.

Nous récupérons notre navette et rejoignons Sintra où un café et une pâtisserie locale (les « oreillers », vantés par Luis ce matin !) nous requinquent. Puis, retour en train à Lisbonne, où nous rejoignons les quartiers que désormais nous connaissons mieux et affectionnons, et allons prendre un verre à la terrasse d’un café surplombant le Tage, au son de musique des années 60. Puis, nos pas nous amènent dans un restaurant où le garçon nous raconte sa vie : il a quitté l’Ethiopie pour l’Angleterre, mais avait trop froid et est venu à Lisbonne, où il travaille pour payer ses études, moins chères qu’en Angleterre. Sur ses conseils, nous nous régalons de poisson frais : majestueuses gambas pour Alain, St Jacques pour moi, puis, à suivre, poulpe et sole…. Un vrai festin ! Et bien sûr, notre soirée se termine chez nos hôtes où nous refaisons le monde… autour de cette horrible tragédie survenue en France….

Dernier jour : nous décidons ce matin d’aller visiter la collection de Calouste Gulbenkian, un richissime réfugié Arménien, ayant fait, à sa mort, don de sa collection à l’état, qui l’a réunie dans un musée où tout est mis en valeur :

une symphonie d’objets précieux, tapis soyeux, tableaux de maîtres, oeuvres de sculpteurs célèbres, de nombreuses pièces raffinées et délicates sont exposées…

Puis nous redescendons par l’avenue Edouard VII, les Champs Elysées de Lisbonne, où se succèdent les boutiques des grandes marques ...Nous décidons alors de prendre le bateau pour traverser le Tage et aller de l’autre côté. Si la petite ville n’a guère de charme, les restaurants de poisson sur le quai sont envahis de locaux (nous sommes samedi) et nous nous attablons donc : les fruits de mer, le poisson, tout est tentant ! Nous choisissons encornets et calamar grillé, et on n’est pas déçus !

Fatigués, ou affectés par les évènements de la veille qui nous valent de nombreux messages d’amis, de collègues…, nous reprenons notre ferry et allons sur la jetée, où, au milieu de la foule et des chanteurs baladins, nous guettons une place libre sur une terrasse et sirotons notre verre en admirant le coucher du soleil….

Nous rejoignons nos hôtes, chargés d’une bouteille de vin et de pâtisseries et passons une dernière soirée animée en leur compagnie. Demain, ils se lèveront aux aurores, pour nous offrir (malgré nos protestations) un dernier petit déjeuner, que nous nous forçerons d’honorer. Adieu entre deux portes pour Justus, adieu sur le trottoir pour Luis….Adieu Lisbonne, quel beau séjour vous nous avez offert là ! Obligado !

Lisbonne

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