Tallinn
Notre plus jeune fils Jérémie, après avoir visité les trois capitales des pays baltes lors de son échange Erasmus, nous l'avait conseillé ce voyage, et nous n'avons pas été déçus ! Partis par le train de nuit,
on arrive au matin, prêts à la découverte !
On s'attendait à... pas d'idées préconçues, mais plutôt à trouver un pays de l'ancienne URSS. Pas du tout ! Dès la frontière on constate que les terres noires sont travaillées, que les fermes sont proprettes, sans vieille carcasse rouillée ou masure en bois effondrée, les jardins sont soigneusement entourés de palissades. Les maisons semblent plus cossues, les voitures plus récentes et de marques occidentales.
Petit pays que cette Estonie, avec ses 1.300.000 habitants, dont 430 000 à la capitale, Tallinn. On est en Europe, définitivement. Seule, au milieu de clochers élancés des différentes églises luthériennes, une massive église orthodoxe du XXème siècle,
témoigne du passé russe, mais aussi de l'ouverture estonienne puisque la population est hétéroclite. L'histoire et la configuration géographique font que cette population finno-hongroise (l'estonien est proche du finlandais, les deux langues se comprennent) a dû accepter, souvent sous la contrainte, les invasions de Suédois, Finlandais, Allemands, Russes....
Tallinn est une remarquable cité médiévale, les remparts, les tours sont encore quasi intacts.
Sa particularité est d'avoir deux villes en une : la ville haute, ville aujourd'hui administrative avec la résidence du 1er ministre, l'homme fort du gouvernement, et différentes ambassades. et la ville basse,
reliée à la première par deux ruelles pavées Longues Jambes et Petites Jambes ! La ville basse était autrefois ville hanséatique, ville portuaire, et donc en toute autonomie prélevait taxes et impôts sur l'abondant commerce qui transitait par là. De lourdes portes (telle celle nommée Marguerite) abritées sous des tours massives en autorisaient l'entrée.
Il faut se perdre dans les ruelles de Tallinn : les façades colorées ont chacune leur histoire, on est plongé dans le médiéval, mais aussi dans les splendeurs du XVIII et XIXème. On imagine les chariots, les carosses...De vieilles maisons réputées offrent encore le traditionnel café-gâteau, si cher aux pays du nord...
Bon nombre de cafés et de restaurants sont des salles voûtées, offrant au consommateur, outre succulentes pâtisseries maison ou bière locale, les oeuvres exposées des artistes du coin : lin, travail du verre, de l'ambre, peinture, poterie...Des passages bien cachés relient les rues les unes aux autres, les portes colorées ou sculptées, hardiment poussées dévoilent des cours agréables.
Quelques marches et on pénètre dans la plus ancienne pharmacie d'Europe (XIIIème siècle) encore en activité. La grand place, au pied du massif hôtel de ville rappelle l'architecture des villes du nord.
Mais les Estoniens ont pour point fort leur amour de la nature. Et c'est ce que nous découvrons avec Ulla, notre guide et Eric le chauffeur. Ils nous emmènent au parc national de Lahemaa, aux alentours de Tallinn, découvrir la côte découpée et la campagne.
La plage tout d'abord : il y en a plusieurs, belles plages de sable blanc, mais seules celles autorisées peuvent accueillir les amateurs de bronzette et baignade : le caractère protestant discipliné et strict se révèle là.
Nous vistons ensuite un cimetière paisible, au coeur d'une forêt de pins,
où reposent, entre autres, quelques personnalités du coin. Les plaques perdues sur fond de mousse, les fleurs et bougies, au milieu des sentiers mi-ombre mi-soleil, confèrent au lieu une atmosphère digne et calme.
Un petit arrêt à l'ancien monastère Ste Brigitte,
où l'ancien bâtiment et le moderne se côtoient, pour la même cause... et nous enchaînons par une agréable balade de quelques kilomètres sur un petit sentier de planches
au travers des marais. Les mousses spongieuses,
les lichens, les roseaux et la couleur bleu noir des lacs où se reflètent les arbres nous enchantent.
Nous filons ensuite à 70 km de Tallinn, sur la côte, où de jolies villas de bois entourées de palissades, certaines modernes, d'autres plus rustiques avec leur toit de chaume ont vue sur la mer. L'endroit est une réserve ornithologique, et nous avons vu des grues, et pu saisir le vol des canards....
L'après-midi se poursuit par la visite de plusieurs manoirs. il en reste 200 sur les 2000 d'autrefois, anciennes demeures de grandes familles descendant des chevaliers teutoniques, aujourd'hui réhabilitées pour la plupart en musée ou en chambres d'hôtes. Toutes sont situées autour de pièces d'eau, certaines possèdent un moulin, une orangerie, ou encore une distillerie. Même les cigognes y trouvent leur place !
Notre dernière journée se passe de nouveau en ville, où nous découvrons le KUMU, ou Kunst Museum, musée d'art moderne à l'architecture audacieuse, dont une partie se trouve sous terre.
A deux pas, se trouve la résidence du président de l'Estonie, et je suis surprise, que même s'il est absent (pas de drapeau), nous puissions nous approcher aussi près !
Derrière ce bâtiment se trouve ce que les Tallinnois appellent leur petit Versailles, le palais Kadriorg, une résidence érigée par Pierre le Grand, avec des parterres et un parc agréable où s'annoncent les signes printaniers.
Nous terminons notre visite par la salle de concert en plein air, où entre autres spectacles, ont lieu les choralies. Réputés pour leur chant choral, les Estoniens réunissent ici jusque 25000 choristes dans l'amphithéâtre, tandis qu'une centaine de milliers de spectateurs prennent place sur les pelouses, sous l'oeil et l'oreille affutée de leur grand maître de choeur Gustav Ernesaks disparu en 1993.
Attention, si vous passez par Tallinn, évitez la pleine saison, car de nombreux ferries déversent alors leurs touristes et la ville voit sa population augmenter de 50%... Quant à nous, nous l'avons appréciée en toute quiétude et vous recommandons chaudement cette escapade (merci Jimmy !)....