Islande 1-11 mai 2019

C’est le Godan daginn chantant de l’hôtesse d’Icelandair, une pulpeuse blonde aux yeux bleus, qui nous accueille à bord de notre avion et efface d’un coup la contrariété due à un retard imprévu d’une heure...D’ailleurs, elles le sont presque toutes, blondes aux yeux bleus, nos hôtesses et pourraient chacune aisément concourir pour miss Islande... voire plus ! Je me régale de les entendre parler entre elles, captant un mot de ci de là, de belles consonances en a et u profonds, emballées dans des r ou l qui roulent comme des torrents ou des k ou f qui claquent comme le vent. Juste avec ces quelques phrases me voilà transportée sur l’île que nous allons bientôt découvrir...

Après bien de l’attente (bug informatique sur notre dossier !) nous récupérons notre voiture pour rejoindre Reykjavík, notre première étape. Le paysage est plat : roches volcaniques et lichens, aux tons bruns et jaunâtres. Des fumerolles au loin nous rappellent que le sous sol est en activité et de fait plus on se rapproche de la ville, plus on voit d’usines, que l’on suppose géothermiques.
Notre guesthouse est au pied de la cathédrale, emblème de la ville, très froide et austère par son matériau, le béton, mais très élégante par son architecture rappelant les roches basaltiques taillées en orgues par les éléments.

Juste devant la cathédrale, une statue rend hommage a Leifr Eiricsson, un aventurier Islandais, premier à avoir posé le pied en Amérique, bien avant Christophe Colomb : un mythe tombe !

Plus loin c'est le puissant Ingolfur Arnarson qui est immortalisé, premier homme, venu de Norvège en bateau, à venir s'installer en Islande, en somme l'ancêtre de tous les Islandais !

Nous déambulons dans les rues qui descendent doucement vers la mer avec des maisons basses aux façades colorées, parfois chargées de graffitis remarquables.

Beaucoup de magasins de design (textile, céramique, orfèvrerie), de cafés, d’où s’échappe quelque musique attirante, mais aussi beaucoup de magasins de souvenirs.

Nous croisons de vrais Vikings, grands, roux, barbus, costauds. Même un qui a tressé ses cheveux en deux grosses nattes, tout droit sorti d'un album d'Astérix...Les filles aussi sont grandes, le teint clair, solides...
Nous nous arrêtons au café Loki, où le pain noir maison agrémenté de poisson fumé ou de hareng est une tuerie. La petite glace maison elle aussi finit bien ce premier soir en Islande. Retour à l’hôtel pour préparer demain !

Un peu bruyant les pneus clous qui cliquettent sur la chaussée en bas de notre chambre, et en dépit des masques pour dormir, décalage en sus, on était réveillés à 4:00, en flemmardant on a tenu jusque 6:00 ! Le petit déjeuner est pris dans une salle cosmopolite, où se mêle le français, le russe, le suisse allemand, le chinois, l’espagnol... la brave Islandaise qui nous sert reste efficace et impassible !
Avant de quitter la capitale, petit tour au supermarché, où finalement on retrouve beaucoup de marques connues... et d’autres moins ! Puis on se met en route sous la pluie, on a vite fait le tour de la ville, la route N°1 (jamais vu le 2 !) est à peine chargée, en bord de mer. Les prairies sont encore jaunes d’avoir sans doute passé l’hiver sous la neige. Adossées aux montagnes (sans doute pour se protéger du vent, car il n'y a guère d'arbres, si ce n'est parfois ceux plantés en protection par les propriétaires), les fermes se nichent dans un petit coin de verdure.

Une belle petite église attire notre attention et nécessite un premier demi-tour :Langafellskirkja. Elle est malheureusement fermée mais l’endroit est paisible et charmant. Nous en verrons plein des ces églises, tout au long de notre périple: havres de paix, de petit format aux proportions harmonieuses, elles semblent avoir été érigées en nombre pour compenser l'habitat clairsemé et éviter de longs trajets pour aller à l'office.

Nous bifurquons alors pour faire la côte sud du Hvalfjördur/fjord des baleines. La route est superbe : la montagne à droite, d’où dévalent des cascades, la mer à gauche... Nous nous arrêtons à Glymur, pour une petite randonnée sous une fine bruine, qui finit par bien mouiller, mais n’irons pas jusqu’aux deuxièmes plus grandes cascades du pays, car le chemin est périlleux : la via ferrata est rendue glissante... Malgré tout le paysage est extraordinaire...

Nous poursuivons alors jusqu’au lac de Skorradalsvatn, dont Alain décide de faire le tour.

Mais la piste non goudronnée devient bientôt si délicate que même notre 4x4 a du mal à passer les gués ou à surmonter les gros cailloux. La raison nous fait faire demi-tour et nous sommes heureux de retrouver notre piste, même cahoteuse !

Nous arrivons alors à Borgarnes, où le musée du Settlement center, en deux tours audioguidés d'1/2 heure chacun, nous explique les formidables déplacements des vikings norvégiens jusqu'en Méditerrannée, dans toute l'Europe et au Moyen-Orient, leur installation dans les divers endroits d’Islande, de même que leur parlement, leurs lois,... et les sagas, à l'origine transmises oralement, puis écrites à partir de 1200 environ, narrant les faits et gestes des différents héros de l’histoire (sachant qu’il y avait alors une trentaine de chefs pour une population estimée à 40 000 personnes). Notre caissier, cheveux longs, yeux bleus (mais pour une fois brun et non roux!) nous confie qu’il se passionne de généalogie pour pister ses ancêtres, dont un s’est retrouvé garde du roi de Constantinople !

Nous finissons cette première étape dans notre guesthouse, au toit de verdure, isolée dans la pampa venteuse, au bord de splendides cascades, entourés de légendes mêlant trolls et elfes...

Notre hôte est un passionné de vinyls, il en a 3000, sans compter de vieux usés, recouverts de résine, dont il a pavé la terrasse panoramique. C’est avec Miles Davies et Chut Baker que nous dînons. On nous propose un spa, mais il est à l’extérieur, et si l’eau est bonne et tentante, je crains, vu le vent, pour le brushing garanti qui risque de nous surprendre en sortant ! Petit bras ???

Grand soleil ce matin et nous réarpentons les alentours d’hier afin de mémoriser cet endroit sous une lumière exceptionnelle ! Et c’est au son de ces bons vieux Beatles que nous prenons notre petit dej. Que Bueno !
Cette journée est celle de l’eau et du feu...
L’eau d’abord, car nous nous arrêtons à la source d’eau chaude la plus importante d’Europe Deildartunguhver. L’eau jaillit en bouillons à 100° puis est domptée dans une canalisation de 74 km qui alimente les villes, la plus éloignée recevant l’eau chaude à 65°.

Partout dans la plaine alentour, des fumerolles attestent de l’activité géothermique. À Reykholt nous nous arrêtons pour admirer deux belles églises ainsi qu’un hotspot bien tentant, où venait régulièrement l’écrivain Snorri Sturluson, auteur de la saga d’Egill (prononcer Eyil), dont nous avons eu de larges extraits hier au musée.( Se pourrait-il que nos séries tv actuelles aient été initiées en Islande ?)

L’eau encore avec les chutes de Hraunfossar, qui s’étalent sur plusieurs dizaines de mètres et retombent en remous bleutés dans la rivière et un peu plus en amont Barnafoss, puissante et tumultueuse, qui sculpte des arches dans la roche basaltique qu’elle traverse...Une légende tragique y est attachée, selon laquelle 2 jeunes enfants, laissés seuls, alors que le reste de la famille était parti à l'église, se seraient aventurés dehors et se seraient noyés...

 L'eau toujours, qui serpente dans cette vaste plaine que les fermiers essaient de dompter...

Le feu : dont le résultat est certes l’eau chaude, mais aussi ces coulées de lave pluri millénaires et gigantesques, ces orgues basaltiques à Gerduberg, ces cratères tels ceux de Snorrastadir à la géométrie parfaite.

Dans toute la campagne sont disséminées de larges fermes aux engins agricoles monstrueux. Autour de la maison l’herbe est verte sur une belle surface alors qu’elle est jaune partout ailleurs. Certes on a vu des fermiers s’affairer à dérouler du gazon sur un champ, mais quand même, je ne veux pas croire que ce soit là l’explication et le mystère reste entier ! Autre source d'interrogation, tous les champs sont creusés régulièrement de fossés larges d'environ 80 cm et profonds d'1m environ, qui ne font toutefois pas la largeur complète du champ... Pour canaliser l'eau de pluie et éviter de noyer les cultures ?

Nous nous arrêtons à la belle plage de sable d’Ytritunga,

où les phoques, attendus après l’hiver, sont arrivés ! Deux petits curieux s’approchent d’Alain pour se faire photographier ! Cabotins !

Puis à Budir nous admirons cette petite église de bois de 1703, reconstruite en 1848, entourée de murets en pierres de lave, avec à la fois la mer et les sommets enneigés en toile de fond...

Arnartapi est une minuscule bourgade, quelques burgers ou fish&chips, mais notre bungalow, faisant partie d'un complexe, tout en bois, visiblement récent, donne, par une large baie vitrée, sur l’océan...Au bout d’une petite promenade, les vagues se jettent furieusement contre la falaise noire, issue d’une coulée de lave stoppée par la mer, sur laquelle nichent des centaines de sternes criards.

La bonne musique de la salle à manger aux ouvertures tournées vers le large fait oublier la carte maigrichonne, rendant la pizza plutôt bonne et le fish &chips délicieux...Allongés sur lit, nous regardons le soir descendre, alors que les bergeronnettes, les pluviers et les huïtriers s’aventurent sous nos fenêtres...

 

 

Encore un beau soleil. Petite balade pour découvrir le minuscule port abrité derrière une énorme digue de gros rocs de basalte, qui laissent imaginer la violence des tempêtes.

Et cette journée sera sous le signe du basalte, une route sinueuse au milieu des coulées de lave gigantesques...
Nous prenons la route, entrecoupée d’arrêts : nous longeons la côte, au sommet de falaises basaltiques, contre lesquelles la mer fait son travail d’érosion et laisse de belles arches : Etretat version black... avec derrière le glacier enneigé en prime...

Au gré des différentes anses : Hellnar et son petit port, Londrangar et sa plage de sable noir sur laquelle gisent des morceaux d'épave disséminés par les marées, Dritvik, Djupalonssandur, on imagine la vie des marins partant sur de grosses chaloupes de bois, jusqu’à 200 par bateau. L’entretien d’embauche : soulever un lourd galet (jusque 150 kg !) et le déposer sur un rocher...sport encore pratiqué de nos jours, mais en salle... il faut dire qu’on peine à imaginer la manœuvre d’accostage à travers l’étroit chenal naturel, avec la mer déchaînée, et le hissage, à main d’homme, de l’embarcation sur les galets...

A Ondverdanes, 2 phares orange, posés sur la langue de lave, offrent encore des vues inoubliables.

Nous poursuivons le tour de la péninsule, Olafsvik et son église moderne, (arrêt supermarché et pique-nique bord de mer !)

Grundarfjördur, 900 habitants, deuxième port exportateur, et son café Laki, au pied du Kirkjufell conique.

Arrêt à Bjarnarhöfn, le musée du requin : on nous explique comment se fabrique le fameux requin fermenté : finalement, pas si horrible que ça, on a bien le maroilles et autres délicatesses !!! On pousse jusque Stykkisholmur et ses quelques maisons colorées, d’où partent de lourds ferries pour traverser le large fjord.
Puis retour sur Borgarnes à notre guest house : l’endroit est désert, mais nous découvrons un mot de notre hôtesse, laissé à notre attention, avec même un téléphone portable, qui nous enjoint d’aller dans l’établissement situé de l’autre côté de la grand route. Là nous attend une maison de 1805 retapée, isolée, mais avec un charme fou : de vIeux meubles, beaucoup de bois, des tissus à fleurs...Nous sommes seuls, mais il y a une cuisine, où tout est en place pour le petit déjeuner, un salon... Des chaussons et des sweaters islandais sont à notre disposition pour profiter du coucher de soleil sur la terrasse. On se croirait dans le conte de Boucle d’Or et des 3 ours !
Nous allons dîner au Settlement center de Borgarnes, bien animé en ce samedi soir, où nous aurions presque nos habitudes ! Bon skyr (sorte de fromage blanc) en dessert !


C’est confirmé : à 00:45 il ne fait toujours pas nuit et vers 2:30 la pénombre s’éclaircit ! Je suis contente d’avoir pris mon masque !
Aux commandes de « notre » maison, seuls à bord, nous avons préparé notre petit dej, fait la vaisselle...sentiment bizarre en claquant la porte en partant, on a l'impression de partir comme des voleurs ...
Cette journée nous rapproche de l’histoire du pays. Nous allons à Bingvellir (prononcer à l'anglaiseThinvélir), où chaque été, de 930 à 1260 se rassemblaient les chefs vikings et leurs accompagnateurs (conseillers, famille, tribu) pour une réunion de 15 jours, pendant lesquels étaient définies et rappelées les lois, les décisions de justice rendues, et où sans doute se réalisaient des échanges commerciaux, de main d’œuvre...le pays se targuant donc et peut être à juste titre, d’avoir ainsi le premier parlement d’Europe. C’est ici aussi que se trouve une gigantesque faille, due aux mouvements des deux principales plaques tectoniques sur lesquelles repose l’île.
Étape à midi dans la ferme d’Efstidalur, où du lait des vaches on fabrique, entre autres, de délicieuses glaces...pour se faire notre opinion, on a du tester, forcément...eh ! bien... c’est validé !

Puis à Geysir, on admire ...les geysers : partout des fumerolles, et une odeur de soufre, attestent de l’activité, toujours aussi impressionnant de les voir calmes quelques minutes, puis cracher leur jet avec une puissance insoupçonnée à plusieurs dizaines de mètres...Mais, s'il y a de nombreuses marmites bouillonnantes, il n'y a véritablement qu'un geyser en activité, qui monopolise toute l'attention du public !

Enfin nous terminons ce périple par Gullfoss, puissante cascade à deux étages dont l’eau s’engouffre ensuite dans un canyon creusé dans la roche. Avec toujours en toile de fond les glaciers...

Journée géothermie aujourd’hui et activités alternatives au plan d’origine because pluie. Nous allons d’abord aux chutes de Faxafoss, où une échelle à saumon a été construite pour leur permettre de remonter la rivière.

Puis c’est le village de Skalholt, capitale religieuse de l’Islande, où de 1010 à 1801 se sont succédés des évêques. L’épiscopat a été depuis transféré à Reykjavik. Des fouilles ont permis de mettre à jour les demeures et souterrains, témoins de la vie antérieure... Il faut un peu d’imagination, car à part l’église reconstruite moderne en 1963 et un restaurant, il n’y a guère d’animation. Toutefois, une adorable maison d’antan, recouverte d’herbe et aux portes travaillées se tient près de l’église au milieu du cimetière.

Arrêt à Friedheimar, dans une ferme géothermique, spécialisée entre autres sur la tomate. Ils produisent à eux seuls 18% de la consommation du pays. On peut prendre un verre ou même déjeuner au milieu des plants de tomates, dans de gigantesques serres, où tout est piloté par ordinateur.

Les plants produisent pendant 9 mois et sont pollennisés par une trentaine de ruches bourdonnantes. Ils sont ensuite remplacés par de jeunes pousses issues de la « nursery ».

Nous voulons ensuite faire une petite randonnée vers Hveragerdi, dans la montagne fumante, jusqu’à des sources chaudes, mais la pluie nous décourage. Du coup nous poussons jusqu’à la centrale géothermique de Hellisheidi, où on nous explique tout du forage à la récupération d’eau chaude. 30 unités semblables sont actives sur le pays ainsi que 200 fermes autonomes. Aujourd’hui une des 4 turbines est en maintenance et on voit ainsi les gigantesques pales, les rouages,... dont un technicien astique les moindres recoins. Des expériences de pointe (notamment minéralisation du CO2 ambiant) sont menées en collaboration avec des chercheurs du monde entier.

Nous reprenons la route toujours sous la pluie, avec cette montagne qui fume de partout...dans les champs les oies sauvages (ou sont-ce des cygnes ?) se gavent et se reposent. Alors que jusqu'à présent tout n'était qu'herbe jaunie, bandes de laves recouvertes de lichen,ou falaises de basalte, nous sommes surpris ici de voir des arbres, intégralement amenés par les fermiers pour se protéger du vent...

Vers 16:00 nous avons rendez vous au Secret Lagoon, les plus vieux bains chauds du pays. Il fait un peu frais en sortant des vestiaires, mais rentrer dans l’eau à 38° est un vrai bonheur, même s’il tombe parfois quelques gouttes de pluie.

Autour de cette piscine fumante, un parcours piéton nous emmène parmi des « marmites » où l’eau bouillonne à 100° ... mieux vaut rester sur le chemin, on ne sait jamais trop où on mettrait les pieds!

Départ par un grand soleil, direction le sud de l’île. Petit détour par la piste pour voir Keldur, un vieux village. En fait, une grosse ferme moderne avec de gros engins et, à côté de la patite église et du charmant cimetière, trois ou quatre adorables maisonnettes de bois noir, recouvertes de tourbe, aujourd'hui sans doute des endroits de stockage, même si autrefois ce devaient être aussi des habitations très modestes.

Puis arrêt à Seljalandfoss, belle chute d’eau de 40 m, que l’on peut contourner par l’arrière (si on aime se mouiller !).

À côté, d’autres cascades moins spectaculaires, mais tout aussi belles, particulièrement Gljufrabui, que l’on peut approcher, en se déchaussant, remontant le cours d'eau et se faufilant dans un goulet étroit... Avis aux téméraires, douche garantie !

Une cascade en cache une autre, nous voilà à Skogafoss, plus large et plus haute (60m). On l’admire d’en bas, puis on gravit les 400 marches pour aller voir la cataracte d’en haut : impressionnant !

Pique nique rapide au pied du glacier Solheimajökull. Le glacier est veiné noir et blanc : ah ! ce basalte ! Les blocs de glace s’effondrent dans la rivière dans des formes géométriques improbables et superbes.

Nous poursuivons ensuite vers la presqu’île de Dirholaey, le coin le plus au sud du pays. En haut du rocher, près du phare, nous sommes fouettés par la pluie glaciale et le vent. Mais la vue est grandiose. Des falaises vertes et des abrupts noirs, taillés par la mer, et une plage de sable noir de 3 km battue par des rouleaux puissants. Nous reprenons la voiture pour nous aller voir cela de plus près, sur la plage de Reynisfjara, mais il pleut vraiment et nous avons tout juste le temps d’apercevoir la grotte aux orgues basaltiques et les arêtes qui se dressent en pleine mer, pour revenir nous réchauffer au café judicieusement placé là ! Puisque nous sommes à Vik, qu’il pleut, nous allons sans enthousiasme voir la fabrique de laine Icewear, qui ne se visite pas, c'est en fait un supermarché de pulls et autres articles en laine ! Bon, on a vu ! Malgré son climat peu engageant, nous restera de Vik, entre autres, l'image de son église perchée sur le piton.

On reprend la route pour un désert de 20 km Myrdalssandur : de la prairie et rien à perte de vue, qui ne s’arrange pas ensuite, car le paysage se transforme en champ de lave Eldhraun, donc là aussi désert... Notre guesthouse est au milieu de celà, accessible par la piste, vue imprenable. On se déchausse dans l'entrée. Accueil très sympathique, salon engageant

et chambres mignonnettes, bois aux teintes bleu et gris pastel; vieux meubles recyclés (la vasque de la salle de bains repose sur une ancienne machine à coudre), tissu liberty,...
Le repas est pris en commun, table d’hôtes avec un couple de garçons de Zurich et un autre de filles de StGallen. On discute en allemand. Deux autres filles semblent venir des US (peu communicatives) et un couple de hollandais avec un bébé. Au menu une soupe de potiron onctueuse, des boulettes d’agneau sauce tomate, légumes sautés, riz basmati, Dahl, saumon gratiné au parmesan, salade, pain maison. Un festin, une belle soirée de partage.

Petit déjeuner sympathique. Avec entre autres, d’autres pains faits maison, gâteau également...Notre hôtesse nous explique qu’en fait elle est employée ici. Elles tiennent le gîte à deux, d’autres les relaient toutes les 6 semaines. Ce soir elles attendent 26 personnes...L'approvisionnement se fait de Reykjavik ou de la ferme d'aàcôté...Le tourisme devient un vrai business....

La route ce matin est un peu sévère : d’abord un champ de lave gigantesque recouvert de mousses, mais qu’on ne s’y trompe pas, marcher dessus est un enfer, les roches sont acérées et inégales...Le canyon de Fjadrargljufur est fermé, pour cause de dégel, on poursuit donc pour s’arrêter à Dverghamrar, la falaise des nains, des orgues basaltiques fort bien formées, à se demander si la nature n'a pas des tailleurs de pierre à elle tout dévoués...

Nous longeons le glacier, passons Skaftafell, où nous reviendrons demain, et faisons un arrêt à Hof, petite église adorable de 1884 avec son toit de verdure fleuri.

Puis nous filons au travers d’un désert noir, le plus grand du monde 1300 km2, vers Jökulsarlon, là où le glacier finit sa course : de gigantesques blocs de glace colorés, certains striés de noir par la poussière de basalte, d'autres bleu intense, sont tombés dans la lagune et attendent la montée de l’eau pour s’enfiler sous le pont et rejoindre la mer. Le courant est fort, et juchés sur les gros rochers de la digue pour notre pique nique nous commentons la course des blocs de glace, dont certains s’entrechoquent, tandis que la mer montante les ramènent sur la plage noire où, au soleil, on dirait des diamants éparpillés...

 

Les mouettes, canards et un gros phoque très curieux suivent, eux, le ballet des touristes sur la plage !

À Höfn, nous faisons une halte pour un café, et en dépit de l’averse de neige, nous entamons la côte ouest jusqu’à la presqu’île de Hvalnes. Le soleil étant revenu, encore des paysages à couper le souffle.

Au retour on s’arrête à la petite église,( encore une, mais on ne s’en lasse pas !) de Stafafell, datant de 1866...et gardées par deux énormes béliers.
Puis nous rejoignons notre guesthouse, moins typique que les autres cette fois, mais on a été trop gâtés ! Et par ailleurs, le couple de fermiers âgés qui nous reçoivent sont plutôt sympathiques et le repas, bien copieux, était plutôt bon...

Aïe, mauvaise surprise ce matin, on a crevé ! Notre hôte me donne l’adresse d’un garage à 40 km, à l’opposé de notre destination...J’appelle pour être sûre qu’on sera reçus. Alain pose la roue de secours : ca ne vaut peut être pas un record de F1, mais tout de même... champion ! Arrivés au garage, après avoir attendu, (l’ouvrier, un grand et lourd barbu roux, un vrai viking, est en train d’ôter un à un les clous des pneus neige d’un véhicule), on s’occupe de nous et la panne est vite trouvée et vite réglée. En sus, ils nous changent l’essuie glace défectueux depuis notre départ et nous annoncent qu’ils traiteront tout cela en direct avec le loueur : bravo les gars et takk !

Avec tout cela on a perdu la matinée, mais nous pouvons quand même programmer quelques petits arrêts sur notre parcours, même si nous ne pourrons pas randonner comme prévu. De nouveau, on ne s’en lasse pas, Jökulsarlon. Incroyable comme en 24h, le paysage des icebergs a changé, il y a d’énormes nouveaux blocs, et plein de petits près du glacier. Le vent violent crée un goulot d’étranglement pour les laisser filer vers la mer... un peu plus loin c’est Fjalsarlon, plus petit, moins impressionnant, mais le vent souffle violemment et même emmitouflés, bonnet et gants, ça fouette !
Plus loin encore, on s’enfonce sur une piste et sommes au pied du Svinafellsjökull...je crois bien n’avoir jamais été aussi près d’un glacier. Les blocs sont gigantesques, striés de noir et, tels un bull-dozer, poussent la moraine devant eux avec une force colossale. Des arches dont s’échappe un goutte à goutte incessant s’affinent et s’effondreront un jour. On entend le craquement de la glace. Toutes ces forces nous émerveillent.

On reprend la route vers Kirkjubaejarklaustur, du plat et du noir à perte de vue et en fond les glaciers. Sur certains de gros nuages gris s’accrochent et saupoudrent les sommets de neige. Petite halte dans le café des deux sœurs, où on recommande l’apple pie et le cheese cake aux myrtilles !
On poursuit sur Vik, cette fois, c’est la lave déchiquetée recouverte de mousse à droite comme à gauche... arrêt au supermarché pour ramener quelques produits locaux, puis retour à la plage de sable noir qu’on avait vue sous la pluie et le froid à l’aller. Sûr que tout change sous le soleil, les rouleaux de la mer sont plus calmes et les orgues basaltiques tellement mieux appréciables !

Guest house quelconque toutefois large salle de bains claire. Pas de dîner le soir, ce qui nous conduit à Vik de nouveau dans un charmant petit restaurant sur la colline où nous dominons la mer. Et d'où nous pouvons admirer la belle tempête de neige,qui en quelques minutes saupoudre les collines avoisinantes !

Petit déjeuner calme, on savoure cette dernière journée, animée soudain par trois italiennes à l’accent chantant. Nous partons sous la neige, mais le microclimat de Vik une fois derrière nous, il fait une journée superbe. Retour à Selfoss sans encombre, avec juste un arrêt pour cet enclos pour le moins surprenant : mes Islandais ne manquent pas d'imagination !!! A moins que ce ne soit le repaire d'un serial killer !?Nous allons vers la côte sud aux villages de Stokkseyri et Eyrarbakki. Soit disant villages de pêcheurs, mais point de port, la mer est trop houleuse ici. En revanche, de jolies maisons multicolores...

Puis arrêt à Strandarkirkja, une ravissante église un peu en surplomb, la première, et l’unique de notre longue série, dont nous pouvons pousser la porte !

Nous remontons ensuite pour voir le parc géothermique de Seltun, toujours aussi impressionnant...

Nous pousuivons vers le lac de Kleifarvatn, tandis que la route fait du roller coaster dans les champs de lave avoisinants offrant ses points de vue superbes...

Arrêt à Grindavik pour sa fameuse soupe de homard. Horreur, ils n’en servent pas aujourd’hui. Grosse déception, mais consolée par une exquise soupe de poisson du capitaine.
Juste avant d’atteindre le phare de la presqu’île très très venteuse de Reykjanesta, nous nous arrêtons à un autre parc géothermique, domestiqué celui-ci, puisque se trouve ici la plus grosse usine du pays. Des panaches puissants de fumée soufrée nous enveloppent, c’est flippant, il fait soudain sombre, on ne voit plus rien, et quand on se dégage de cette masse oppressante, on est tout mouillé !

Notre dernière étape est le pont entre deux mondes, (brunn milli helmsalfa) érigé sur la faille des plaques tectoniques, émouvant de se dire que nous sommes à la fois en Europe et en Amérique et que... ça bouge toujours...
Dernier arrêt kaffee/kuchen à Keyflavik, histoire de se « remonter » le moral de fin de séjour.
Notre hôtel est à deux pas de l’aéroport, on est fin prêts pour le retour demain...avec dans la tête ces paysages grandioses, comme un film Imax 3D sur 360°, merci l'Islande pour ce bain de nature....