Neuchâtel 10 avril
Une escapade comme je les aime, une destination, et des petites entorses au programme.
Genève se quitte assez facilement (on est du bon côté ?), et l'autoroute longe le lac avec des prairies d'un vert tendre rehaussées de colza flamboyant. Les pommeraies sont en fleurs, les vignes sagement alignées luttent contre les gelées matinales d'avril et les petits villages sont regroupés, tous face au lac et aux sommets enneigés qui le dominent.
On quitte l'axe principal pour s'enfoncer sur des routes sinueuses. On flirte avec la frontière, mais nous sommes bien en Suisse, on rejoint le village de Romainmôtier,
niché dans un vallon, aux maisons trapues et puissantes, même la fontaine qui retient l'eau est costaud.
Tout a commencé vers 450, où un jeune homme nommé Romain décide de s'installer dans ce vallon pour fonder un monastère (moustiers ou môtier),
où des siècles plus tard, les moines adoptent la règle de Saint Benoît. En 928, Adelaide de Bourgogne fait don de ce monastère à l'abbaye de Cluny, qui au XIIème siècle comptait 2000 couvents et monastères dans toute l'Europe. En 1536, les envahisseurs bernois envahissent le monastère, abolissent le culte catholique et décrochent statues et autels. Au début du XXème siècle, des travaux de rénovation redonnent au site un peu de sa splendeur,
aujourd'hui il accueille des communautés oecuméniques, et des touristes, souvent des marcheurs, qui viennent ici, comme nous, faire une halte reposante et restructurante.
Nous poursuivons notre route vers Neuchâtel. Ville de 45000 habitants (incluant les villages avoisinants), son histoire est liée aux d'Orléans, aux ducs de Bourgogne et aux rois de Prusse. Elle rejoint la confédération helvétique en 1814. Outre le Jura auquel elle s'adosse et le lac qui lui donne vue sur les Alpes, sa vieille ville regorge de rue piétonnes aux échoppes attrayantes, dont celle-ci : le nom évocateur ne laisse pas indifférent !On n'échappe pourtant pas aux enseignes modernes devant lesquelles la population fait sagement la queue. De belles maisons, solides, mais d'architecture équilibrée, jalonnent les rues escarpées
qui mènent en haut de la vieille ville, où culmine la collégiale, dotée d'un adorable cloître reposant et d'un surprenant cénotaphe des comtes de Neuchâtel (tombeau avec personnages grandeur nature représentant la famille), et où aujourd'hui un organiste nous régale de ses exercices.
Dernière image de cette échappée bucolique, avant de reprendre la route et rejoindre "notre lac" !!!